Au cœur de la charmante ville du Cateau-Cambrésis réside un témoignage émouvant du passé, une porte sculptée dans la pierre blanche qui évoque l’histoire d’un hôpital au service de la communauté. Jadis le point d’accès unique à cet établissement de soins, cette archéologie architecturale représente bien plus qu’une simple entrée ; elle incarne la vision philanthropique d’une femme exceptionnelle et la mémoire de ceux qu’elle a honorés.
Le récit débute au XIXe siècle, après le décès de Jacques Paturle, un homme dont l’héritage allait se perpétuer à travers les actions bienveillantes de sa veuve. Profondément touchée par la perte de son mari et de sa fille Adèle, elle prit la décision courageuse d’ériger un établissement de santé au Cateau en leur honneur. En 1859, elle fit l’acquisition d’une vaste propriété sur le boulevard de St-Quentin, désormais connu sous le nom de boulevard Paturle, et y fit ériger un hôpital de grande envergure. Cet édifice répondait à un besoin crucial de la ville, comblant un vide médical qui avait trop longtemps persisté.
La générosité de la veuve Paturle ne s’arrêta pas à la simple construction de l’hôpital. Dans un acte de donation daté du 10 mai 1861, elle inscrivit son désir que l’établissement accueille gracieusement les ouvriers de la région, une décision qui témoigne de son engagement envers la classe laborieuse. L’inauguration grandiose de l’hôpital eut lieu le 28 septembre 1861, un événement qui symbolisait l’alliance entre le passé et l’avenir, le souvenir d’une famille et l’espoir d’une communauté en meilleure santé.
À son apogée initial, l’hôpital abritait 16 lits, une capacité qui s’accrut progressivement pour atteindre 40 lits en 1935. Toutefois, l’édifice ne fut pas épargné par les tumultes de l’Histoire, les deux guerres mondiales laissant leur empreinte sur ses murs solides. Le bâtiment d’origine demeura opérationnel jusqu’en 1977, portant fièrement le fardeau des années et des épreuves.
Aujourd’hui, l’arche majestueuse à l’entrée du boulevard Paturle représente un lien tangible avec cette époque révolue. Si l’hôpital a été reconstruit dans son ensemble pour répondre aux besoins modernes de la santé, cette porte de pierre précieuse demeure, telle une sentinelle du passé. Elle nous rappelle le geste généreux d’une femme déterminée, laissant une marque indélébile dans le tissu de la ville et la mémoire de ses habitants.
La veuve Paturle a laissé derrière elle un héritage intemporel, un hommage vivant à l’amour filial et à la compassion envers les travailleurs de la région. Alors que nous passons sous l’arche, nous sommes invités à nous souvenir de ceux qui ont façonné notre histoire, et à nous engager à perpétuer leur esprit altruiste pour les générations à venir.