Cambrai et le Cambrésis regorgent d’un patrimoine souterrain exceptionnel et pourtant peu connu. Les espaces souterrains de la région sont très variés et offrent un aperçu unique de l’histoire et de l’évolution du territoire.

A Cambrai, on peut distinguer deux types de souterrains. Les premiers sont les anciennes fortifications de la ville, qui forment une quinzaine de kilomètres de galeries enfouies après leur démantèlement en 1892. Ces galeries, situées le long des boulevards, ont un intérêt historique et patrimonial considérable. Cependant, ils ne représentent qu’une petite partie des souterrains de Cambrai. La majorité des souterrains de la ville sont en fait des anciennes carrières de pierre où l’on extrait de la craie. Il y a plus de 75 carrières recensées à ce jour, qui se présentent sous forme de petites exploitations à usage limité dans le centre-ville ou de vastes ouvrages affectant plusieurs hectares dans certains faubourgs.

Visites des souterrains de Cambrai

Dans le Cambrésis, on peut également trouver des ouvrages militaires, des carrières et des souterrains-refuges. Ces derniers servaient à se protéger des attaques extérieures et sont de véritables villages souterrains. Tous ces souterrains, qu’ils soient ouvrages fortifiés, carrières ou refuges, sont riches en enseignements sur l’histoire et l’évolution du territoire.

Les espaces souterrains de Cambrai et du Cambrésis sont un patrimoine unique qui mérite d’être découvert et exploré. Ils offrent un aperçu passionnant de l’histoire de la région et de son évolution au fil des siècles. Il est donc important de valoriser et de préserver ces trésors cachés pour les générations futures.

Les fortifications de Cambrai

Cambrai, une ville fortifiée au passé riche

Située sur le territoire du Saint-Empire romain germanique depuis le IXe siècle, Cambrai est une ville qui a connu une histoire marquée par des fortifications impressionnantes. En raison de sa position stratégique de ville-frontière avec la France, la reconstruction de ces fortifications était nécessaire pour assurer la défense de la ville.

Au cours des siècles, les fortifications de Cambrai ont été construites à partir de pierre extraite du sous-sol cambrésien. L’enceinte, longue de quatre kilomètres, s’ouvrait par sept portes et une porte d’eau, et était renforcée par une cinquantaine de tours de quinze mètres de haut. Les fossés étaient également inondés par l’Escaut pour améliorer la défense de la ville.

Au XVIe siècle, l’enceinte médiévale était devenue inadaptée à la puissance de feu des canons, il fallait la transformer selon le principe des fortifications bastionnées. Après la prise de la ville par Louis XIV en 1677 et son rattachement définitif à la France par le traité de Nimègue, le célèbre architecte militaire Vauban a renforcé la sûreté de Cambrai en préconisant le système de défense en profondeur. Demi-lunes, couronnés, contre-gardes et chemins couverts ont isolé de plus en plus la ville de sa campagne.

Deux forteresses encadrent la ville, au nord-ouest le château de Selles édifié au début du XIIIe siècle ; à l’est la citadelle, construite au cours du XVIe siècle. Ces ouvrages révèlent la puissance de cette place-forte.

Cependant, pour pouvoir se développer et s’ouvrir au commerce, Cambrai a obtenu l’autorisation de démanteler l’enceinte urbaine en 1892. Les fossés ont été comblés, à leur emplacement sont aménagés les boulevards. Aujourd’hui, Cambrai conserve encore de beaux témoignages de ses fortifications, comme des tours et des portes, ainsi que les galeries du château de Selles et de la citadelle. Ces vestiges témoignent de l’importance de Cambrai dans l’histoire de la défense militaire et de l’architecture militaire.

En visitant Cambrai, les amateurs d’histoire pourront découvrir les vestiges des fortifications de la ville et se plonger dans l’ambiance de cette époque riche en événements.

Le château de Selles

Le château de Selles de Cambrai est un témoin de l’histoire et de la stratégie militaire du Moyen Âge. Construit au XIIIe siècle par le comte-évêque de Cambrai, il était destiné à contrôler les habitants de Cambrai et à surveiller la route des Flandres et le trafic fluvial.

Avec son plan pentagonal renforcé de six tours, dont une géminée, et entouré d’un fossé inondable, le château de Selles était une forteresse imposante. Il présentait également deux niveaux de galeries, appelées gaines, ménagées dans l’épaisseur de la muraille, ainsi qu’un chemin de ronde, offrant ainsi trois niveaux défensifs.

Au XVIe siècle, avec l’évolution de l’artillerie, le château a été profondément modifié pour résister aux tirs des canons. Il a été intégré au rempart et transformé en bastion et en terrasse d’artillerie. Des parapets en briques ont remplacé les créneaux, et la cour et les tours ont été comblées de terre, de pierres et de briques.

Malgré les transformations extérieures subies au cours des siècles, notamment la construction des bâtiments du Palais de Justice au XVIIIe siècle et le démantèlement de 1892, le château de Selles a conservé toute son âme à l’intérieur. Les gaines et les tours médiévales abritent en effet une des plus grandes collections de graffiti d’Europe, gravés par les prisonniers qui y ont été enfermés dès le XIVe siècle.

Aujourd’hui, le château de Selles est un lieu de visite incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la fortification médiévale et à l’art de la graffiterie. Il permet de découvrir les techniques de défense et de siège utilisées au Moyen Âge, ainsi que les témoignages des prisonniers qui y ont été incarcérés.

La citadelle de Cambrai

La citadelle de Cambrai, une forteresse imprenable

En 1543, l’empereur Charles Quint a décidé de construire une citadelle à Cambrai pour renforcer la frontière avec le royaume de France et asseoir son autorité sur la ville, qui malgré son statut de neutralité, avait ouvert le passage à plusieurs reprises aux troupes françaises. La citadelle a été construite sur le point culminant de la ville, détruisant l’abbaye Saint-Géry au Mont-des-Bœufs et plusieurs centaines de maisons.

La réalisation de la citadelle a été confiée à Donato di Boni, un ingénieur italien responsable des nouvelles forteresses construites dans les Pays-Bas. Il a adopté la forme d’un quadrilatère irrégulier renforcé aux angles par quatre bastions. Les fossés, ne pouvant bénéficier d’inondations défensives, étaient protégés par une galerie de contre-mine inscrite dans la muraille.

Au fil des siècles, les faces des bastions ont été agrandies, les galeries de contremine développées pour former un véritable labyrinthe de près de 7 kilomètres de long. La citadelle de Cambrai était considérée comme la place la plus forte des Pays-Bas, jouissant d’une réputation d’invincibilité. C’est par sa chute que s’est achevé le siège de la ville par Louis XIV en 1677.

Après le rattachement de Cambrai au royaume de France, les bastions ont encore été agrandis, les fossés élargis et de nouvelles demi-lunes maçonnées ont renforcé la structure. Cependant, la citadelle a été démantelée à la fin du XIXe siècle. Malgré cela, certains éléments tels que les portes, l’arsenal, les poudrières, les logements pour officiers et soldats, ainsi que son dédale de galeries de contre-mine, existent encore aujourd’hui.

La citadelle de Cambrai est un témoignage de l’ingéniosité et de la détermination des ingénieurs de l’époque à construire des forteresses imprenables. Les éléments restants sont un rappel de l’histoire militaire de la région et constituent un site touristique intéressant pour les amateurs d’histoire et d’architecture.

Autres sites souterrains fortifiés de Cambrai

La ville de Cambrai est riche en histoire, et cela se reflète dans ses fortifications. Bien que le démantèlement des fortifications ait commencé en 1892, de nombreux vestiges subsistent encore aujourd’hui.

L’un des éléments les plus intéressants de ces fortifications est le bastion Saint-Georges. Construit entre 1563 et 1567, il remplace une ancienne porte médiévale et présente la forme d’une pointe de flèche. Il abrite des casemates sur deux niveaux, mais seul la galerie basse est encore accessible aujourd’hui. Au XVIIIe siècle, les ingénieurs français ont renforcé le bastion Saint-Georges en y ajoutant une contre-garde.

Devant la porte de Paris, on peut également voir les vestiges de l’ouvrage à cornes, construit par Vauban pour couvrir la porte médiévale et une demi-lune. Cet ouvrage se termine par deux demi-bastions, et l’on peut encore voir la trace d’un d’entre eux à l’arrière de l’ensemble Saint-Luc.

Ces exemples montrent que Cambrai possède une « ville enfouie » qui conserve la mémoire de ses anciennes fortifications. Ces vestiges sont souvent ignorés par le public, mais ils offrent une occasion de découvrir l’histoire de la ville sous un angle différent. Les amateurs d’histoire et les curieux seront ravis de découvrir ces vestiges cachés de Cambrai.

Localisation et datation

La ville fortifiée de Cambrai abrite un patrimoine souterrain peu connu, mais pourtant riche : les carrières de craie. Ces carrières, dont la plupart se situent à l’intérieur des anciennes fortifications de la ville, ont été utilisées pour extraire de la craie, matériau de construction très utilisé à l’époque.

Selon les historiens locaux Eugène Bouly et Adolphe Bruyelle, qui ont publié un ouvrage sur les souterrains de Cambrai en 1847, l’exploitation des carrières remonterait à la période gallo-romaine. Cependant, il est plus probable que l’exploitation ait eu lieu au Moyen Âge, à partir du XIe siècle, période de développement important de la cité, avec la reconstruction des remparts à la fin du XIVe siècle.

Malheureusement, les risques d’effondrement engendrés par ces cavités ont conduit à l’arrêt de l’exploitation des carrières du centre-ville à partir des XVIe et XVIIe siècles. Aujourd’hui, ces carrières sont des témoins silencieux de l’histoire de la ville et de son développement.

Il est intéressant de noter que les carrières situées sous les faubourgs présentent des caractéristiques différentes de celles du centre-ville, laissant envisager une exploitation plus tardive. C’est le cas de celle située sous le quartier de la gare.

Il est important de préserver ces carrières, non seulement pour leur valeur historique, mais aussi pour leur rôle écologique. En effet, elles servent de refuge pour de nombreuses espèces animales et végétales. Les autorités locales et les associations de protection de l’environnement devraient travailler ensemble pour préserver ces trésors souterrains de Cambrai.

Carrières,boves et galeries militaires du Cambrésis

Le Cambrésis est connu pour son patrimoine souterrain exceptionnel. Les carrières souterraines, les boves et les galeries militaires y sont présentes sur l’ensemble de son territoire.

Les carrières ont été exploitées en utilisant la technique des « chambres et piliers ». Cependant, certaines zones géologiques ne permettaient pas cette méthode, comme dans le Solesmois et dans l’extrême est de l’arrondissement. La limite de la craie exploitable se situe à Le Cateau, où la roche est de mauvaise qualité et principalement utilisée pour les fours à chaux. Malgré cela, deux carrières ont été établies aux entrées de la ville.

Les communes du Cambrésis possèdent également de nombreuses boves, ces cavités souterraines qui étaient utilisées pour stocker des produits frais et pour les activités textiles qui requièrent une hygrométrie minimale, comme le tissage du lin. Ces boves se développent sous les caves des centres-villes et permettaient aux habitants de circuler d’une cave à l’autre sans remonter à la surface.

Le patrimoine souterrain militaire est également présent dans la région, avec des galeries datant de la période médiévale jusqu’aux grands conflits du XXe siècle. Certaines communes, comme Honnechy, Troisvilles ou Beaurevoir, conservent des structures souterraines dans leurs anciens châteaux médiévaux. Les traces de la Première Guerre mondiale sont également présentes partout dans l’arrondissement, avec des dizaines de kilomètres de sapes établies tout au long des quatre années de conflit.

Le Cambrésis offre un patrimoine souterrain riche et diversifié, allant des carrières à la boves en passant par les galeries militaires. Ce patrimoine est témoin de l’histoire et de l’architecture de la région, et mérite d’être découvert et exploré.

Les souterrains-refuges du Cambrésis

Les souterrains-refuges, une tradition ancrée dans l’histoire de la Picardie et de l’Artois

Au cours des siècles, les populations locales de la Picardie et de l’Artois ont dû faire face à de nombreuses périodes de troubles. Pour se protéger des conflits, elles ont creusé des galeries sous terre : les souterrains-refuges. Ces ouvrages, très présents dans le Cambrésis, ont été conçus principalement pendant la guerre de Cent Ans et les guerres franco-espagnoles du XVIème siècle.

Les souterrains-refuges partent souvent de l’église du village ou de sa proximité immédiate. Ils sont organisés en un ou plusieurs axes relativement linéaires desservant des « cellules », sortes de pièces de tailles variées où chaque famille se réfugiait. La complexité des souterrains-refuges dépend de l’importance de la population à abriter. Certains d’entre eux peuvent même être équipés de dispositifs de défense.

La ville de Fontaine-Notre-Dame possède un bel exemple de souterrain-refuge. À proximité de l’église, deux puits permettent d’accéder à l’ancienne descente accessible aux animaux. Ce souterrain est organisé tout au long d’un axe unique bordé de nombreuses cellules. Flesquières, quant à elle, conserve plusieurs souterrains-refuges, réutilisés par les différents belligérants pendant la Première Guerre mondiale.

L’un des souterrains-refuges les plus impressionnants est celui d’Hermies. À près de 25 mètres de profondeur, des dizaines de cellules se répartissent autour de plusieurs axes. Il est difficile de dater précisément cet ouvrage, probablement médiéval. Les Allemands et les Anglais en ont été les derniers occupants, en alternance pendant la Grande Guerre. Ils ont laissé sur les parois de nombreuses traces de leur passage.

Les souterrains-refuges sont un témoignage de l’ingéniosité et de la détermination des populations locales face aux conflits. Ils témoignent également de l’importance de la préservation de notre patrimoine historique.

Les utilisations croisées des souterrains du Cambrésis

souterrains Le Cateau

La région de l’Artois possède un patrimoine souterrain riche et varié, qui témoigne de l’histoire complexe de ces lieux. Les souterrains de Graincourt-les-Havrincourt, Ribecourt la Tour, Rumilly et Marcoing en sont de bons exemples.

A Graincourt-les-Havrincourt, un ancien souterrain-refuge a été utilisé à plusieurs époques. L’entrée de ce refuge se situait autrefois sous l’église détruite pendant la guerre. Les rues (couloirs) de ce souterrain sont encore accessibles et donnent accès à de nombreuses cellules. Par la suite, le refuge a été abandonné et une partie de celui-ci a été utilisée comme carrière d’extraction de pierre blanche. Les Allemands ont également utilisé le site pendant la Première Guerre mondiale pour construire deux bunkers qui ont servi de centrale téléphonique. Les vestiges de cette période sont encore visibles aujourd’hui.

A Ribecourt la Tour, un grand ouvrage souterrain regroupe une ancienne carrière et un souterrain-refuge aménagé par les Anglais pendant la Première Guerre mondiale. Les souterrains de Rumilly et Marcoing sont également intéressants car ils combinent différentes utilisations au fil du temps : carrière d’extraction de pierre, refuge et utilisation militaire. Les carrières de Marcoing ont été les dernières à être exploitées dans tout le département en 1929.

Enfin, il est important de souligner que ces souterrains ont été témoins des combats sanglants de la Première Guerre mondiale dans la région de l’Artois. Les sapes, ces conduits souterrains creusés par les belligérants avant les combats, témoignent encore de cette période douloureuse de l’histoire. Ces ouvrages souterrains offrent donc un aperçu unique sur l’histoire de cette région, mettant en lumière les différentes utilisations et les événements qui ont marqué ces lieux au fil des siècles.

Visites des souterrains de Cambrai et du Cateau Cambrésis

Le patrimoine souterrain de Cambrai et du Cateau-Cambrésis est riche en histoire et en découvertes. Les visiteurs peuvent découvrir les souterrains de la citadelle de Cambrai et les anciennes carrières de la place du marché, tous deux aménagés pour les visites accompagnées par un guide. Les visites peuvent être réservées auprès de l’office de tourisme du Cambrésis.

En plus de ces visites régulières, chaque printemps, les souterrains du territoire sont mis en valeur lors de l’événement Cambrai souterrain. Il s’agit d’une occasion exceptionnelle pour les visiteurs de découvrir des sites souterrains qui ne sont normalement pas accessibles au public. Les visites libres et guidées sont proposées et les réservations peuvent être faites auprès de l’office de tourisme.

Il est important de souligner que ces souterrains ont été témoins de l’histoire et ont joué un rôle important dans la vie de la région au fil des siècles. Les visites permettent de découvrir les secrets cachés de ces espaces et de comprendre l’importance qu’ils ont eue dans l’histoire de la région.

Les souterrains de Cambrai et du Cateau-Cambrésis sont un patrimoine riche et intéressant à découvrir. Les visites régulières et l’événement Cambrai souterrain offrent des opportunités uniques pour découvrir ces sites et comprendre leur importance historique. Les réservations peuvent être faites auprès de l’office de tourisme du Cambrésis.