L’église Saint-Géry à Cambrai est connue pour son jubé, l’un des rares en France. Cette construction est une œuvre d’art remarquable qui date de 1635, réalisée par le sculpteur Jaspar Marsy et son atelier. Le jubé était initialement destiné à séparer la nef du chœur, mais en 1738, il a été déplacé sous le clocher pour servir de tribune d’orgue.

Le jubé de Saint-Géry est constitué de quatre colonnes en marbre rouge veiné de gris, avec un couronnement en marbre noir. Ces colonnes créent trois arcades, supportant six panneaux sculptés en albâtre. Ces panneaux représentent des miracles de la vie de Jésus, séparés par des colonnes ou des statues. La statue centrale représente le Christ tenant la Terre dans sa main gauche.

Le jubé de l'église Saint-Géry à Cambrai
Panneaux sculptés en albâtre du jubé (1635), partie centrale.
Ils représentent certains miracles de la vie de Jésus.
On voit ici la Multiplication des pains, la Résurrection de Lazare, la Guérison d’un aveugle et la Pêche miraculeuse.
La statue centrale est celle du Christ qui tient la Terre dans sa main gauche.

L’ensemble du jubé est réalisé en marbres polychromes de Dinant et de Tournai, ainsi qu’en albâtre. Stylistiquement, le jubé est un mélange entre la Renaissance des Pays-Bas et l’introduction du baroque. Les quatre colonnes doriques sont surmontées d’arcs en anse de panier, enrichis de grotesques. Des colonnettes ioniques, ainsi que trois statues dans des niches, subdivisent le muret attique au-dessus de l’entablement en six panneaux historiés relatant les miracles du Christ.

Le jubé de Saint-Géry est une œuvre majeure de l’édifice cambrésien depuis l’époque moderne. Il est classé monument historique en 1896, et constitue l’un des rares témoins d’un corpus abondant aux 16e et 17e siècles, aujourd’hui presqu’intégralement disparu.

Le jubé de l'église Saint-Géry à Cambrai

Le jubé de Saint-Géry est également intéressant d’un point de vue historique. À l’origine, le jubé était destiné à séparer les ecclésiastiques des fidèles, dans un contexte de réformes catholiques face à la montée du protestantisme. Cependant, en 1738, il a été déplacé pour servir de tribune d’orgue, et est devenu l’entrée d’un édifice monumental. Aujourd’hui, toute personne pénétrant dans l’église en empruntant les marches situées place Fénelon, passe sous cette construction majestueuse.

Le jubé de l’église Saint-Géry à Cambrai est une œuvre d’art majeure, à la fois sur le plan esthétique et historique. Il constitue un témoignage précieux de l’art sculptural des 16e et 17e siècles, et reste une attraction touristique incontournable de la ville de Cambrai.

Qu’est ce que le jubé d’une église

Le jubé d’une église est une structure qui a joué un rôle important dans l’histoire de l’architecture religieuse. Il est souvent situé à l’entrée du chœur et sépare les clercs et les fidèles pendant les offices religieux.

Le jubé est généralement en bois, en pierre ou en métal et se compose d’une balustrade ou d’un treillis qui permet de délimiter l’espace réservé aux clercs de celui des fidèles. Historiquement, le jubé avait un rôle important dans la liturgie catholique, en particulier lors des messes solennelles et des grandes cérémonies.

Le jubé a une origine lointaine, qui remonte au début du christianisme. À l’époque, les églises étaient souvent divisées en trois parties : le narthex (la salle d’entrée), la nef (où se tenaient les fidèles) et le chœur (réservé au clergé). Le jubé était alors une simple cloison ou une grille qui séparait le chœur de la nef.

Au fil des siècles, le jubé est devenu plus élaboré et a commencé à être décoré avec des sculptures et des reliefs représentant des scènes bibliques ou des saints. Le style gothique, qui a émergé en Europe au XIIe siècle, a vu l’apparition de jubés très élaborés, avec des arcs-boutants et des gargouilles sculptées. Certains jubés ont même été équipés de portes ou de volets pour permettre au clergé de se déplacer de manière discrète entre le chœur et les autres parties de l’église.

Cependant, avec la Réforme protestante au XVIe siècle, le rôle du jubé a commencé à diminuer. Les églises protestantes ont souvent abandonné cette structure au profit d’une disposition plus simple, avec une seule pièce de culte. En revanche, les églises catholiques ont continué à utiliser le jubé, même s’il a perdu de son importance liturgique.

De nos jours, de nombreux jubés ont été retirés pour permettre une meilleure visibilité de l’autel et une meilleure acoustique dans la nef. Cependant, certains jubés historiques ont été conservés, en particulier dans les églises classées monuments historiques. Ils témoignent de l’histoire de l’architecture religieuse et de la richesse de l’ornementation qui caractérisait autrefois les églises.