Martin et Martine sont deux figures emblématiques de la ville de Cambrai en France. Ils occupent à la fois le rôle de jaquemarts et de géants de la ville. Les jaquemarts sont des automates d’art représentant des personnages sculptés en bois ou en métal qui indiquent les heures en frappant une cloche avec un marteau. Martin et Martine sont donc deux personnages mécaniques qui sonnent les heures pour la ville de Cambrai. Cette tradition remonte au XIVe siècle lorsque de nombreux édifices publics ont été dotés d’horloges monumentales pour signaler l’heure à l’aide de ces automates.
Le mot « jaquemart » (ou « jacquemart »), qui désigne ces automates, apparaît en 1375 selon le Petit Robert. On attribue souvent au personnage le rôle d’homme d’armes ou de forgeron puisqu’il est armé d’un marteau pour remplir sa fonction. Martin et Martine ne font pas exception à cette règle, puisqu’ils sont représentés comme un forgeron et un combattant respectivement. Ils sont souvent accompagnés d’un, deux ou trois compères.
Martin et Martine ont été créés pour la première fois en 1713 et étaient représentés par des personnages vivants sur un char de triomphe lors de la fête du 15 août. Les géants actuels ont été parrainés par les géants du Nord et sont nés le 15 août 1927. Contrairement aux autres géants du Nord, Martin et Martine ne se déplacent pas à l’aide de porteurs mais sur des chars. Martin mesure 5,40 mètres et Martine 5,15 mètres.
Ces deux personnages mécaniques sont devenus des symboles de la ville de Cambrai et sont connus dans toute la France. Ils sont une véritable attraction touristique et sont régulièrement utilisés pour les festivités et les événements de la ville. Martin et Martine sont ainsi une représentation vivante de l’histoire et de la culture de Cambrai.
Les légendes de Martin et Martine
La légende de Martin et Martine de Cambrai remonte au XIVe siècle, époque où les habitants de la ville ont été confrontés à un seigneur malveillant, le seigneur de Thun-l’Évêque, qui a semé la terreur dans la région en pillant et en brûlant tout sur son passage.
C’est à ce moment-là que Martin, un forgeron noir de Cambrai, a pris les armes pour défendre sa ville. Accompagné de Martine, une jeune femme courageuse, il a affronté le seigneur et ses troupes, armé de son célèbre maillet. Le coup de marteau qu’il a porté à la tête du seigneur a été si puissant que celui-ci a perdu la raison.
Grâce à ce coup décisif, les forces du seigneur ont été vaincues et la ville de Cambrai a été sauvée. En reconnaissance de cet acte héroïque, les habitants de la ville ont adopté le coup de marteau de Martin comme symbole de leur identité. Ainsi, chaque enfant né à Cambrai est censé avoir reçu un coup de marteau à la naissance, symbole de la force et de la résistance des habitants de la ville.
Une autre légende, plus tardive, raconte une histoire d’amour impossible entre un Maure et une jeune fille de Cambrai, Martine. Bien que leur union ait été interdite en raison de leurs différences religieuses, ils ont continué à se fréquenter en secret. Lorsque leur relation a été découverte, ils ont été emprisonnés et condamnés à sonner les heures avec un marteau enchaîné dans la tour de l’horloge.
Finalement, un vieux prêtre a réussi à obtenir leur libération en échange de leur remplacement par des automates mauresques. Reconnaissant, le Maure a adopté le nom de Martin, est devenu chrétien et a épousé Martine.
Bien que cette deuxième légende ne soit pas historiquement exacte, elle a contribué à la création de deux automates en forme de Maures, appelés « jacquemarts », qui sonnent les heures depuis la tour de l’horloge de Cambrai depuis 1512. Ces figures sont aujourd’hui considérées comme des symboles de la ville et de son riche patrimoine culturel.
Histoire des deux automates Martin et Martine
Leur histoire remonte à l’année 1512, lorsque les deux jacquemarts sculptés en bois furent installés à la base de la tourelle octogonale de l’Hôtel de Ville de l’époque, aujourd’hui disparu.
Au fil des siècles, Martin et Martine ont connu bien des péripéties. En 1677, pendant le siège de Louis XIV, un boulet de canon fit tomber Martin et brisa sa jambe. Heureusement, le chaudronnier Jean-Baptiste Taisne fut capable de le restaurer. Plus tard, pendant la Première Guerre mondiale, en 1918, les deux automates furent arrachés de leurs pivots et firent une chute de 25 mètres. Les débris furent transportés en Belgique, mais ils furent ramenés à Cambrai en 1919 pour être célébrés lors de la fête du 15 août.
Depuis lors, Martin et Martine ont retrouvé leur place sur le campanile de l’Hôtel de Ville, où ils continuent de fonctionner sans interruption. En reconnaissance de leur importance historique, les deux automates furent classés monuments historiques le 26 février 1926.
Aujourd’hui, Martin et Martine sont une attraction touristique populaire à Cambrai. Les visiteurs peuvent admirer leur mécanisme complexe et leur apparence impressionnante, témoins de l’ingéniosité et de la créativité de leurs créateurs. Ils sont un symbole de l’histoire et de la tradition de la ville, rappelant aux habitants et aux visiteurs l’importance de préserver leur patrimoine culturel pour les générations futures.