Le Béart, que l’on peut observer paisiblement traverser le pittoresque jardin public situé en arrière de l’Hôtel de ville, est un discret ruisseau prenant sa source au cœur de la commune de Solesmes, au lieu-dit « Fond de la Pecquerie », offre une histoire singulière. Son cours serpente à travers la ville, le plus souvent caché sous des aménagements urbains. Pourtant, du berceau à la tombe, le Béart reste Solesmois dans l’âme.
La légende des Seringueux, un récit séculaire, est intimement liée à ce petit ruisseau de Solesmes. Au XIe siècle, un seigneur, en réponse à une requête des moines d’une abbaye, envoya ses soldats pour s’emparer des terres et détourner le cours du Béart. Refusant de recourir à des armes meurtrières, les habitants de Solesmes, hommes et femmes, se saisirent de baquets remplis d’eau claire et aspergèrent les intrus à l’aide de seringues. On imagine que ces seringues étaient de larges récipients, peut-être semblables à des poires à lavement destinées aux animaux. Cette résistance non violente devint légendaire.
Au Carnaval, lors des festivités du Lundi et Mardi gras, les Solesmois adoptèrent une tradition amusante : se promener masqués et déguisés en ville, brandissant fièrement leurs grandes seringues, pouvant contenir jusqu’à deux litres d’eau, pour s’asperger mutuellement en signe de camaraderie et de rappel de leur histoire héroïque. Ainsi, chaque année, la légende du Béart et des Seringueux revit dans les rues de Solesmes, célébrant la fierté et l’esprit communautaire qui font la renommée de cette charmante ville.