Chapelle Saint-Eloi à Honnechy

À Honnechy, un trésor historique prend vie : la Chapelle Saint-Éloi, datant du XVIIe siècle (1630), érigée en l’honneur de Saint Éloi et abritant une source bénie au sein de sa crypte mystique. L’histoire raconte que cette source, dont les origines remontent aux confins du village, a vu les premières maisons s’assembler autour d’elle, donnant naissance à une communauté naissante. La chapelle tire son nom de Saint Éloi, car il est fort probable que ce dernier ait parcouru ces lieux sur son chemin de Noyon à Tournai, en empruntant d’antiques sentiers gaulois.

Le choix de dédier une église ou une chapelle à un saint n’est pas anodin. Il requiert une connexion profonde entre le saint et le lieu – naissance, vie, décès ou passage significatif. Ainsi, il est plausible que Saint Éloi ait fait halte en cet endroit.

L’essence de cette chapelle est la source qui murmure en son sein, une source légendaire qui aurait vu la genèse du village. Nichée dans un vallon douillet, cette source a été le point d’attraction initial autour duquel se sont regroupées les premières habitations. L’eau pure qui s’échappe de cette source a été vénérée pour ses vertus curatives, réputée pour guérir les maux persistants, les affres de la maladie et les états de faiblesse.

Un passé de pèlerinages baigne ces lieux sacrés, la source elle-même étant considérée comme « miraculeuse » contre la phtisie, les afflictions inguérissables et les états de languissement. Les animaux étaient également sous la protection bienveillante de cette source. Les bêtes étaient menées ici, car si elles s’y abrevaient, elles étaient supposées être épargnées de maladies pour l’année à venir. Jadis, un péage était imposé pour cet usage, mais ce droit fut révoqué par un prêtre en 1976.

La chapelle, réédifiée en 1829 sur ses bases d’origine, incarne une relique du passé et témoigne de la dévotion ancestrale d’Honnechy envers Saint Éloi. La procession annuelle du 24 juin, coïncidant avec la fête du village et celle de Saint Jean-Baptiste, attirait une foule fervente des villages voisins. Même après les ravages de la dernière guerre, cette procession persistait, orchestrée avec soin par le chanoine Normand, le curé d’Honnechy-Maurois pendant un demi-siècle. Les laboureurs paradaient avec leurs chevaux, les cavaliers en tête escortés par les sonorités triomphales de trompettes. Le cortège, escorté par le clergé et de nombreux fidèles, prenait son départ depuis la ferme située au fond de la rue de l’église, au numéro 32.

Le rituel du chanoine Normand conférait une dimension sacrée à l’événement. Après une cérémonie dans la chapelle, il apposait l’évangile sur le front des chevaux avec un marteau renfermant un fragment de tissu considéré comme une relique du saint. Les récits de guérisons abondaient, donnant lieu à une multitude d’ex-votos, témoignages de gratitude pour les guérisons obtenues et les vœux exaucés.

En 1911, une pompe fut érigée à l’extérieur de la chapelle, accompagnée d’une grille protectrice pour la source. Une seconde réserve d’eau fut aménagée en parallèle en 1970. Henri Grosset, en septembre 1970, fut mandaté par les Monuments Historiques pour dresser l’inventaire de ce vénérable édifice, qui, bien que non classé, respire une antiquité captivante.

Lorsqu’en août 1944, les bruits de la guerre résonnaient, le village subit une pénurie d’eau. Les robinets se tarissaient et l’aviation alliée cibla le château d’eau, perçu comme une cible militaire près de la gare de triage de Busigny. Dans cette période de désarroi, la source revint à la rescousse. Une pompe encore fonctionnelle délivra le précieux liquide aux villageois privés de puits.

Le pèlerinage peut-être éteint, mais la chapelle demeure. Les âmes d’Honnechy ont fait le choix de préserver ce sanctuaire d’une époque lointaine, en entreprenant avec ferveur sa restauration. Ainsi, la Chapelle Saint-Éloi continue de veiller, gardienne d’histoires anciennes et gardienne de l’esprit de dévotion et de guérison qui l’anime depuis des siècles.