La petite Chapelle Saint-Urbain de Busigny, nichée au cœur d’une clairière verdoyante, veille sur une source miraculeuse qui jaillit du sol à quelques pas à gauche de ses murs. Abritant avec dévotion la statue du saint Urbain, cette chapelle incarne depuis des siècles un lieu sacré où se déroulent des pèlerinages empreints de foi et d’espoir. L’année est ponctuée par ces pieuses célébrations, mais c’est le 25 mai qui marque le début d’une fervente neuvaine. En cette journée bénie, une procession solennelle escorte la statue jusqu’à l’église paroissiale, où elle séjourne temporairement avant de retrouver son abri sacré. À cette occasion, une charmante foire émerge à proximité, proposant une myriade d’objets de piété.
La source, quant à elle, s’atteint par un modeste escalier en pierre bleue, composé de quatre marches. Les maux qui affligent les fiévreux trouvent apaisement dans ses eaux miraculeuses, tandis que pour les petits souffrants, un linge trempé dans cette source bienfaisante est appliqué sur la partie malade, témoignant de l’espoir et de la confiance qui perdurent au fil du temps.
Une légende merveilleuse court à propos de cette source sacrée. Les échos du passé racontent que des moutons, engloutis jadis dans cette fontaine, ont donné naissance à des fleurs de laine qui s’épanouissent en ce lieu sacré, un témoignage de la nature intrinsèque de la guérison et de la renaissance qui se déroulent à cet endroit béni.
L’histoire de cette chapelle est tissée avec soin dans les fils du temps. Jadis, elle se tenait fièrement à l’orée du bois, veillant sur la fontaine mystique connue sous le nom évocateur de « le Noir-Trou ». Nichée près des marais appelés « les Faux Viviers », cette chapelle trouve ses racines dès le IIIe siècle, lorsque selon les récits, un ermite aurait érigé ce sanctuaire en témoignage de la bienveillance miraculeuse de Saint Urbain dans ces terres.
Les vicissitudes de l’histoire l’ont tour à tour éprouvée. En 1815, les icônes des soldats russes y ont trouvé refuge lors de leur campement, alors qu’en 1871, la statue était mise à l’abri, échappant ainsi aux Prussiens. Les années de conflit n’ont pas non plus épargné cette chapelle, transformée en chambre mortuaire par les Allemands en 1917. Cependant, la statue fut préserver et retrouvée indemne dans une grange ayant abrité les braves soldats canadiens.
La fontaine du Noir-Trou, avec son eau pure et régénérante, a de tout temps été une source d’espoir pour les malades et les fiévreux. Aux temps médiévaux, un hospice accueillait les pèlerins qui venaient puiser à cette source miraculeuse, emportant avec eux les bienfaits de ses eaux claires.
La légende ancestrale qui évoque le berger et ses moutons, perdus dans les marais lors d’une nuit mémorable, laisse une empreinte ineffable. La plante énigmatique, parée d’un duvet mystérieux à chaque veille du 25 mai, rappelle la laine des moutons engloutis, perpétuant ainsi le souvenir des miracles attribués à Saint Urbain.
La renommée de la Chapelle Saint-Urbain transcende les siècles, attirant des flots de pèlerins. Le 25 mai, journée de fête pour la commune, les rues se parent de dévots dès l’aube. Entre 1834 et 1842, la procession s’interrompt, mais grâce à l’effort de l’abbé Prévost et la volonté de la population, elle renaît en 1930, retrouvant son éclat d’antan. La dernière procession solennelle s’est déroulée en 1963, laissant une empreinte impérissable dans les mémoires et les cœurs.
Ainsi perdurent les récits, les prières et les espoirs, au cœur de cette chapelle vénérée et de la source bienfaitrice, témoins d’une foi indestructible et d’une guérison qui transcende les âges.